L’hiver est la période où la terre et les végétaux se reposent. Les labours sont terminés et on laisse alors le soin aux intempéries de disloquer et d’aérer la terre en profondeur. Les opérations fondamentales de la taille des arbres fruitiers sont menées à cette période (novembre-décembre) où la végétation se fait au ralenti. Pour la même raison, l’hiver est aussi le moment où peut se poursuivre la plantation des arbres, hors des périodes de gel.
A la fin de l’hiver (février-mars), vous pourrez entreprendre les premiers semis en pleine terre, tant au jardin d’agrément (pois de senteur, pavot, pied-d’alouette et bulbeuses anémone, montbretia, tritoma) qu’au potager (ail, cerfeuil, cresson alénois, fraisier, pois, etc.). Mais votre principal souci sera pendant cette période de préserver les végétaux des grands froids. La plupart des semis (particulièrement les semis destinés aux cultures hâtées) seront donc exécutés sur couche chaude et sous châssis, ou en serre.
Guide, conseils et avis
La protection du jardin potager
Au potager, l’essentiel des préoccupations du jardinier sera donc de protéger certains légumes contre le froid pour prolonger leur récolte (légumes-racines) ou permettre leur survie en dépit des gelées (légumes et plantes vivaces), mais aussi d’entreprendre certains semis dans des conditions de température favorables, obtenues artificiellement.
La création de chaleur
Toutes les planches non exploitées ont été labourées ; la fumure est en train de se décomposer et prépare le sol en profondeur aux futures plantations de printemps. Mais les parties du potager les mieux exposées (côtière, ados) et les mieux abritées peuvent accueillir les semis des cultures hâtées.
Il est en effet possible, sous certaines conditions, de mener au coeur de l’hiver la culture de légumes (tels que chou-fleur, cresson alénois, épinard, carotte, laitue, etc.). Cette culture se fait en décembre et janvier, sur couche et sous châssis.
Il faut ici distinguer couche maraîchère et couche électrique. La première est faite de fumier et de feuilles mortes qui produisent de la chaleur en fermentant. Il est conseillé de l’enterrer sur une profondeur de 40 cm environ (pour limiter les pertes de chaleur) et de disposer le châssis pardessus avec la terre de culture. On dispose ensuite tout autour du châssis un «réchaud », c’est-à-dire un lit de fumier dont le rôle consiste également à isoler le châssis de l’extérieur pour lui garder toute sa chaleur.
La chaleur électrique est faite de résistances fixées sur un support plus ou moins enterré dans le coffre ou le châssis, dont on protège les côtés de la même façon qu’avec une couche maraîchère.
La nuit, des paillassons (un ou deux selon la température) sont disposés sur les vitres du châssis, pour que la terre conserve sa chaleur.
Les vitres doivent toujours être très propres pour que les plantes profitent d’un maximum de lumière et d’ensoleillement pendant la journée. N’aérez les châssis que les jours où il ne gèle pas, et ce uniquement aux heures les plus chaudes. Les châssis sur couche sont également utiles pour le premier repiquage des plants issus de semis effectués en serre, qui pourront attendre, à l’abri, le moment d’être repiqués en pleine terre ou sur côtière.
La protection des semis
Dès la fin de l’hiver (février-mars), on peut commencer à semer directement en pleine terre l’ail, le chou, le persil, les radis, les pois, etc. Il est cependant préférable d’abriter les jeunes pousses du froid. Vous utiliserez pour cela les cloches continues et les tunnels plastiques que l’on peut facilement déplacer d’une planche à l’autre selon la maturité des légumes et donc leur capacité à résister d’eux-mêmes au froid, désormais moins intense.
La protection des cultures
Bien sûr, les plantes vivaces ne gèlent pas; il est néanmoins essentiel de les protéger du froid pour favoriser leur reprise de végétation au printemps. La plupart des légumes sont des annuelles ou des plantes cultivées comme telles il faut protéger les plantations précoces.
On assurera cette protection par paillage (voir page 17), ou en déroulant au-dessus du sol un paillasson reposant sur des fils, entre deux poteaux. Un film plastique ajouré convient aussi. Celui-ci est également très utile pour les semis précoces en pleine terre ou sur côtière.
La taille d’hiver et l’entretien des arbres fruitiers
La taille d’hiver des arbres fruitiers est très importante, car elle concerne les organes permanents de l’arbre. Si l’élagage a seulement pour but l’élimination pure et simple des branches inutiles, les différentes interventions hivernales ont pour rôle de diriger la formation et la position des branches charpentières, d’influencer la fructification par un contrôle du cheminement de la sève et même parfois de «restaurer» un arbre tout entier lorsque celui-ci n’a pas été entretenu pendant des années.
Toutes ces opérations sont regroupées sous l’appellation de taille «en sec», par opposition à la taille «en vert» pratiquée pendant l’été.
Taille de formation
Si la taille de formation doit viser avant tout à favoriser la fructification, elle résulte souvent de préoccupations esthétiques. On a, en effet, longtemps considéré que les formes les plus symétriques, très régulières et souvent fort compliquées, étaient le reflet du savoir-faire du jardinier et donc la garantie d’une récolte exceptionnelle. Le temps n’est plus où l’on peut passer plusieurs heures par jour au verger et où l’on accepte d’attendre cinq ou six ans pour obtenir une récolte satisfaisante.
On s’accorde aujourd’hui pour reconnaître qu’il est essentiel de suivre avant tout les tendances physiologiques de l’arbre, et qu’il est inutile de contraindre inconsidérément la nature. La taille de formation doit permettre d’aboutir à la constitution d’un arbre équilibré, dont les branches seront aptes à porter les fruits qui se développeront favorablement grâce au cheminement harmonieux de la sève.
Il faut pour cela supprimer ou réduire certains rameaux et influer ainsi sur la structure charpentière de l’arbre.
Bien que certaines formes soient conseillées plus particulièrement pour tel ou tel arbre (gobelet pour cerisier, palmette pour poirier, etc.), il faut également tenir compte de l’exposition et du développement que l’arbre pourra prendre.
Taille de fructification
La taille de fructification vise, comme son nom l’indique, à accroître la production fruitière. Son ampleur varie suivant les espèces : essentielle, par exemple, pour les poiriers, elle est pratiquement inutile pour les pruniers.
Pour le poirier elle est, de surcroît, assez compliquée et demande à la fois connaissance et intuition.
Le rapprochement
La fructification des poiriers et des pommiers demande un maximum de sève. L’idéal est donc de « rapprocher » les fruits le plus possible des branches charpentières et du tronc, en limitant le développement des rameaux devant fructifier (on les appelle des coursonnes).
On les taille donc très court, généralement à trois yeux (taille trigemme), au moyen d’un sécateur, pendant les périodes où il ne gèle pas. Cette opération a également pour résultat de former ultérieurement des boursouflures appelées bourses, qui concentrent la sève et favorisent encore la fructification. Taillés très courts, les rameaux supportent le poids, souvent im portant, des fruits, sans plier ni se rompre.
Recépage, ravalement
Ces diverses opérations, beaucoup plus rares que les autres, ont pour but de rajeunir toute la charpente d’un arbre.
Le recépage
Il consiste à supprimer toute la partie aérienne de l’arbre, en ne laissant pratiquement que le tronc à partir duquel elle pourra se reformer. Il ne doit être décidé que lorsque les branches supérieures sont très atteintes (ou très vieilles) ou que la greffe n’a pas pris.
Le ravalement
Il revient à supprimer en tout ou en partie une branche charpentière. Sur les palmet tes, on est ainsi parfois amené à supprimer une partie d’une ou de plusieurs branches charpentières quand l’arbre est très vieux et qu’elles sont devenues improductives. Un rameau ne tardera pas, en général, à se développer au niveau de la taille. Vous le conduirez ensuite comme la charpentière précédente.
L’entretien des arbres fruitiers
La fumure
C’est en hiver que vous pouvez procéder aux apports d’engrais nécessaires à la croissance et à la fructification des arbres. Il faut, pour incorporer la fumure, labourer au pied de l’arbre, sans endommager les racines. Vous utiliserez donc une fourche-bêche.
Ce n’est pas au pied de l’arbre que vous épandrez l’engrais, car c’est bien évidemment à l’extrémité des racines que se trouvent les radicelles absorbantes par lesquelles se nourrit l’arbre. Elles se trouvent en fait soit à l’aplomb des branches soit en périphérie, à environ 1 ou 2 m. Pour les arbres en espalier, le long d’un mur, on épand à 1,50 m.
Sauf si vous avez un grand verger (qui mérite que vous achetiez des engrais simples en quantité importante, pour composer vous-même le «menu» de vos arbres), il est souvent plus simple de recourir à des engrais composés du commerce à dominante potassique (8 kg/are).
Traitements
L’hiver est également l’époque de nombreux traitements préventifs et curatifs. La plupart se font par pulvérisation de produits spécialisés, de préférence en février-mars, avant la reprise de végétation, à l’inverse des bouillies cupriques, qui sont apportées sous forme d’arrosage fin novembre.
Le traitement des pelouses
Le repos de la végétation entraîne, en hiver, l’arrêt de la pousse de l’herbe des pelouses. C’est donc la période idéale pour s’occuper des gazons et procéder aux différentes opérations d’entretien qui assureront une pousse drue et régulière.
Le ramassage des feuilles mortes
Si votre pelouse est bordée (voire plantée) d’arbres et d’arbustes à feuilles caduques, elle est encombrée dès la fin de l’automne par de nombreuses feuilles mortes qui finissent, par endroits, par couvrir complètement le sol. Cette couverture, associée à l’humidité saisonnière, favorise le développement des mousses, voire de la pourriture, et des maladies cryptogamiques.
Il faut donc nettoyer la pelouse, en balayant avec un balai à gazon si’ elle est de taille moyenne, ou en l’aspirant avec une machine appropriée si elle est très grande. Vous pouvez aussi utiliser une tondeuse avec bac de ramassage, en la réglant en position haute les feuilles ainsi ramassées iront enrichir le compost.
L’émoussage
Si vous n’avez pas pu prévenir la naissance des mousses, vous les combattrez avec du sulfate de fer, de préférence dissous dans de l’eau (200 g pour 10 litres d’eau). Attendez quelques jours pour passer le râteau scarificateur, à l’aide duquel vous arracherez les mousses mortes, qui auront jauni sous l’action du produit.
La scarification
Le râteau scarificateur est doté d’une série de dents d’émoussage d’un côté et de dents scarificatrices de l’autre. Ces dernières sont droites et se présentent sous la forme de lames parallèles, qui coupent les racines de l’herbe en bandes étroites; elles favorisent ainsi la multiplication des touffes .et, de ce fait, la reprise de pousse, notamment aux endroits où la mousse a été arrachée, en laissant le sol à nu.
L’aération
Elle a pour but d’éviter la formation des mousses. En fin d’hiver, elle a également pour avantage d’ameublir le sol, et de le préparer ainsi à l’apport d’engrais et d’amendement, et à la reprise d’activité des racines. Vous utiliserez pour cela un aérateur rotatif à pousser ou des patins aérateurs (semelles à pointes que l’on fixe sous ses chaussures) selon la surface.
À lire également : Choisir un engrais naturel organique pour le gazon ou le potager
La distribution d’engrais
Utilisez un distributeur d’engrais, qui permet une répartition plus régulière que le travail à la main. Ce travail doit suivre immédiatement l’aération.
On doit apporter à l’automne et non en hiver des engrais à base de phosphore et de potasse (superphosphate de chaux et sulfate de potassium), lentement assimilables, mélangés à du terreau. Si ces engrais n’ont pas été épandus l’automne précédent, vous les remplacerez par du nitrate de soude (engrais azoté).
Vous ferez pénétrer le mélange terreau-engrais en peignant puis en plombant la pelouse. A la fin de l’hiver (juste avant le renouveau du cycle végétatif), recouvrez toute la surface du gazon d’une couche substantielle de terreau, si la terre de votre jardin n’est pas suffisamment nutritive. Étalez et mêlez le terreau à la terre à l’aide d’un râteau.
Pelouses : le labour en vue du semis
La création d’une pelouse doit tenir compte d’un certain nombre de facteurs tels que la surface disponible, l’emplacement dans le jardin, le climat de la région (qui doit vous guider dans le choix des espèces à planter) et enfin, ce qui est loin d’être négligeable, le temps que l’on pourra consacrer aux travaux d’entretien et les frais, engendrés principalement par l’achat de l’outillage.
Le choix et la préparation de l’emplacement
La pelouse est une aire de repos et de jeu mais, en même temps, un élément qui contribue au décor du jardin. Il est préférable, la plupart du temps, de combiner ces deux aspects, et de choisir en conséquence une surface relativement plane, peu ombragée et suffisamment étendue.
Il reste, bien sûr, possible d’engazonner les talus, les sous-bois, mais ceci vous demandera un entretien attentif et permanent, ainsi qu’un choix réfléchi des espèces à planter (fétuque traçante, par exemple, pour les terrains en talus, car ses racines traçantes retiennent et fixent le sol).
Délimitez le plus exactement possible la surface à engazonner. Passez ensuite à la préparation de cet emplacement en déracinant les souches d’arbres ou d’arbustes, en abattant les arbustes morts, malades ou indésirables, en débroussaillant (à l’aide d’une débroussailleuse), toutes ces opérations ayant pour but de dégager complètement le sol de ce qui constituerait inévitablement un obstacle à la plantation de la pelouse et, ultérieurement, à sa tonte.
Le labour
Le labour est l’opération transitoire entre la préparation de l’emplacement et le semis. Son rôle principal est de préparer la terre à recevoir les graines et les racines des graminées, que l’on sèmera au printemps. On le pratiquera au début de l’hiver ou à la fin de l’automne selon l’année et selon la région.
Il consiste en un bêchage à grosses mottes, qui permet d’achever la préparation du terrain. On éliminera les racines des arbustes abattus et celles des mauvaises herbes, les pierres et tout ce qui entraverait la pousse du gazon. Pour les grandes surfaces, on utilisera avantageusement un microtracteur.
Profitez du labour pour enfouir une fumure de fond organique, à base de phosphore et de potasse. C’est également le moment de créer les talus ou la dénivellation qui modèleront le paysage utilisez pour cela la terre extraite (on peut toujours procéder à un apport de terre extérieure pour créer des talus importants); pensez enfin à prévoir dès ce’ moment l’emplacement des groupes de fleurs (vivaces, bulbeuses) qui pourront égayer la pelouse, et plantez-les sans attendre plus longtemps.
Le labour est suivi par un premier roulage qui doit tasser la terre. Procédez ensuite à un griffage, mais seulement un mois avant le semis, c’est-à-dire à la fin de l’hiver ou au tout début du printemps. Cette dernière date est préférable car elle permet de détruire et d’enfouir les herbes sauvages qui se manifestent alors.
Lors de cette dernière opération, vous apporterez une fumure minérale (dont l’assimilation rapide permet la distribution en surface). Terminez par un ratissage par lequel vous finirez de niveler le sol tout en le débarrassant des cailloux qui y subsistent. On peut enfin procéder à un second roulage pour tasser la terre; cette dernière opération est d’autant plus conseillée si la terre est légère (terre siliceuse).
La taille hivernale des arbustes
Si les arbustes à floraison printanière doivent être taillés immédiatement après floraison, soit à la fin du printemps, ceux qui fleurissent l’été ne le seront qu’en hiver, et généralement ils seront taillés très court.
Les arbustes à floraison estivale
Les arbustes à floraison estivale (buddleia, genêt, tamaris, jasmin, etc.) préparent leur floraison sur le bois formé au printemps. En conséquence leur taille se fait en hiver avant la renaissance de la végétation, pour la fortifier. La plupart du temps cette taille doit être très courte dans bien des cas, il faut rabattre l’arbuste à quelques dizaines de centimètres du sol.
C’est le cas du buddleia (appelé aussi «arbuste à papillons ») qui doit être rabattu à 40 cm du sol; du genêt, taillé moins sévèrement, mais à quelques centimètres seulement au-dessus du vieux bois. Dans ces deux exemples, la taille a également pour objectif de former l’arbuste et d’éviter qu’il ne se dégarnisse à la base.
Cependant tous les arbustes à floraison estivale ne sont pas taillés aussi sévèrement. Sur le jasmin, l’hortensia, le chèvrefeuille, le tamaris, vous vous contenterez de supprimer les rameaux morts (élagage) et défleuris, ou ceux dont le développement serait nuisible.
La taille du framboisier
Pour faciliter l’opération de la taille du framboisier, on utilisera la technique dite «hollandaise », qui évitera la classique confusion des touffes.
Les framboisiers étant plantés en ligne tous les 75 cm, installez de part et d’autre, à 50 cm de la ligne, une rangée de poteaux sur lesquels vous ferez courir un fil de fer à 1 m du sol.
La première année, taillez les plants à 30 cm du sol. La deuxième année, palissez sur les fils de fer tous les rameaux d’un an épointés 20 cm au-dessus du fil. La fructification aura lieu sur ces rameaux.
Au printemps suivant, coupez les rameaux ayant fructifié. Palissez les rameaux d’un an qui ont poussé au centre de la touffe et continuez de même les années suivantes.
La taille du groseillier
Le groseillier pourrait se passer de taille, mais grâce à elle, on obtient des récoltes plus abondantes. Il faut évider le centre de la touffe pour l’aérer, en ôtant tous les rameaux en surnombre.
Taillez les branches les plus vieilles à 5 ou 10 cm du sol pour assurer un rajeunissement de la charpente. Taillez les branches de plus d’un an au-dessus de deux ou trois pousses.